Tout d’abord présenté comme le petit frère du WAP, le SMS (ou Short Message Service) prend aujourd’hui un ascendant significatif en terme d’utilisation sur son "aîné".
En effet selon une étude menée conjointement par Kiwee et Ipsos, 31% des personnes interrogées ne connaissent pas ce qu’est le WAP, contre seulement 6% pour le SMS ! Chacun des trois opérateurs de téléphonie mobile français a trouvé un nom particulier qui leur est propre : "télémessages" pour Bouygues, "mini-messages" pour Itinéris ou "textos" pour SFR. Mais quel que soit le nom cela n’empêche pas que des millions de ces messages courts sont envoyés et reçus chaque jour en France.
Etat des lieux chiffré
Un chiffre permet de réaliser l’engouement pour ce type de minis messages : le 31 Décembre 2000, au moment du passage au XXI siècle, ce sont près de 7 millions de SMS qui ont été envoyés en France pour se souhaiter une bonne année ! Ce sont 15 milliards de messages qui ont été transmis pour le seul mois de Décembre 2000 dans le monde, dont 7 milliards en Europe. Et selon GSM Association et Nokia, ce seraient 100 milliards de ces mêmes messages qui seraient échangés en Décembre 2002 !
En terme d’utilisation, selon une étude Kiwee, 36% des possesseurs de mobiles envoient plus de 20 SMS par mois, et 44% entre 3 et 20. Et cela se ressent en fin de mois : la généralisation des SMS fait qu’ils représentent plus de 50% de la facture du mobile pour 13% des membres de Kiwee, et de 10 à 50% pour 36% d’entre eux !
On se rend d’ailleurs bien compte de l’importance du phénomène au vu des nombreuses campagnes de publicité orchestrées off line (télévision, cinéma, presse) et on line, avec par exemple la "vraie fausse" publicité Nomade à télécharger : http://www.nomad.tm.fr/pages/SMS.asp.
Les différentes raisons invoquées par les consommateurs qui utilisent le SMS (source : Kiwee et IFOP).
| Raison d’usage du SMS |
% des répondants citant cette raison |
| Parce que le correspondant ne peut pas parler |
81 |
| Pour donner une info stockée |
77 |
| Pour dire des choses intimes qui passent mieux qu’au téléphone |
74 |
| Pour ne pas déranger les correspondants |
71 |
| Pour limiter ma facture en fin de mois |
64 |
L’économie du SMS
En dehors de l’importance relative au nombre de SMS envoyés, il faut regarder ce que rapportent ces mini messages aux prestataires qui se chargent de les transmettre. En effet les revenus liés aux SMS représentent environ 20% des revenus globaux des trois opérateurs de téléphonie mobile français !
L’intérêt pour les opérateurs de la téléphonie mobile est de proposer des forfaits "spéciaux SMS" qui n’existaient pas auparavant afin de séduire et de fidéliser de nouveaux utilisateurs, et/ou de proposer de nouveaux services SMS comme en ce moment le chat en direct par SMS.
Et dès la fin de l’année 2001, les opérateurs mobiles et les éditeurs de contenu vont disposer de nouvelles sources de revenus grâce aux SMS surtaxés. En effet le tarif quasi unique de 1 franc par SMS va évoluer vers un tarif évolutif fin 2001. Ainsi les utilisateurs paieront les informations qu’ils consommeront : l’utilisateur incluant le mot clé "informations" dans un SMS qu’il enverra vers un numéro spécifique recevra en retour l’actualité du moment, moyennant un tarif allant de 0,15 euros à 0,50 euros selon le service demandé. Les éditeurs de contenu ont donc trouvé grâce à ce biais un moyen d’être rémunérés pour les services proposés. De son côté l’utilisateur sera facturé par son propre opérateur.
Fonctionnement technique et pratique
Un SMS est un message de 160 caractères maximum (lorsqu’on l’envoie d’un mobile), et de plus ou moins 120 caractères lorsqu’on utilise un site spécialisé, car la signature automatique du site (qui "sponsorise" le message) diminue de fait le nombre de caractères disponibles.
Quoi qu’il en soit la possibilité de faire de la littérature est exclu, l’utilisateur va directement à l’essentiel. On peut tout de même noter que certains mobiles (comme Nokia) permettent maintenant de découper un message long en plusieurs messages courts de 160 caractères, donc offrent la possibilité d’envoyer des messages plus longs et structurés.
Les SMS transitent sur le réseau de téléphonie cellulaire par un canal séparé dit de "signalisation" (d’où la limitation à 160 caractères). Ce canal séparé n’empêche malheureusement pas un phénomène de saturation (bien connu des utilisateurs de téléphones portables) lors d’évènements comme un 31 Décembre ou une finale de coupe du monde...
Le trajet du SMS se décompose en deux temps : il va tout d’abord être transmis à l’opérateur qui va le centraliser avant de le "forwarder" au destinataire du message, le tout s’effectuant en quelques secondes (comme un e-mail), et le message parvenant à destination même lorsqu’un portable est en veille ou ne capte pas dans la zone dans laquelle il se situe.
Il existe même la possibilité à l’heure actuelle d’envoyer un e-mail depuis un simple SMS grâce à une passerelle qui réceptionne le SMS et le re-route vers l’adresse e-mail du destinaire préalablement précisée au tout début du message. En moyenne chaque SMS est facturé un franc, mais les opérateurs ont mis en place des forfaits spéciaux SMS qui peuvent faire tomber le coût unitaire de 20 à 50 centimes.
En tout état de cause, le coût d’envoi d’un SMS reste inférieur à la moindre conversation téléphonique selon le forfait. De plus on peut souligner la discrétion du système : il n’y a pas de sonnerie pertubatrice et pas de conversation "banale" à tenir lorsqu’on se trouve en groupe ou dans un lieu public... Lorsqu’à cela viennent s’ajouter sa facilité d’utilisation, combinée à sa rapidité et à sa fiabilité, on comprend mieux pourquoi le SMS a pu prendre le pas sur le WAP.
